Éthique et numérique en santé : retour sur la participation de Prépsy à la table ronde de l’ARS Île-de-France
📍 Lieu : Hôpital Hôtel-Dieu AP-HP, Paris (75004) 📅 Date : 26 juin 2025 🎤 Événement : Journée Éthique du numérique en santé (séminaire organisé par l’ARS Île-de-France, l’Espace éthique Île-de-France et la DNS)
Le 26 juin 2025, Prépsy a pris part à la Journée Éthique du numérique en santé à l’hôpital Hôtel-Dieu AP-HP, organisée par l’ARS Île-de-France, en partenariat avec l’Espace éthique Île-de-France et la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS). Cet événement a réuni pouvoirs publics, chercheurs, professionnels de santé et acteurs du médico-social autour d’une ambition commune : interroger les usages du numérique en santé et souligner la nécessité de les intégrer dans un cadre éthique solide, garant de respect des usagers, de transparence et d’inclusion.
Numérique en santé : entre promesse et vigilance éthique
Le déploiement des outils numériques transforme les pratiques de soin et d’accompagnement. Applications, télésurveillance, plateformes collaboratives, dispositifs connectés ou encore intelligence artificielle ; les innovations se multiplient et ouvrent des perspectives inédites pour renforcer l’accès, la qualité et la continuité des soins. Mais ces évolutions ne sont pas neutres, elles soulèvent des enjeux essentiels : “Qui peut consulter les données médicales, qui porte la responsabilité en cas d’erreur, jusqu’où l’IA peut-elle assister le soin sans empiéter sur le rôle du médecin ?”
Données de santé, coordination du parcours de soins et case management en santé mentale
Parmi les différentes structures invitées à intervenir lors des tables rondes, Prépsy a animé celle consacrée au partage d’informations au service du case management et des outils numériques dans une structure médico-sociale dédiée à l’intervention précoce pour les jeunes avec troubles psychiques émergents.
En s’appuyant sur des situations concrètes, Loïc Fouquet cadre coordonnateur et Gaspard Fourchard, chargé de mission innovation santé et recherche scientifique, ont présenté les opportunités qu’offre le numérique en santé mentale et les dilemmes éthiques qui l’accompagnent :
Au SAMSAH Prépsy, l’accompagnement repose sur un processus collaboratif où le numérique soutient la coordination. Le DUI centralise les données de manière sécurisée et facilite le travail pluridisciplinaire. Cette organisation renforce la cohérence et la réactivité, mais elle interroge aussi : jusqu’où partager, qui doit avoir accès à quoi, comment préserver la confiance des jeunes dans une approche aussi transversale ?
Pour y répondre, le fonctionnement du service est expliqué dès l’admission et les usagers signent une fiche de consentement. Cette information est entretenue au fil du parcours, notamment lors des synthèses, afin de tenir compte des possibles fluctuations de leur état de santé mentale. De plus, par exemple lors d’un accompagnement, les professionnels peuvent conserver certaines notes privées, tout en partageant les éléments essentiels à la coordination.

Projets innovants : réalité virtuelle, IA et outils numériques en santé mentale
D’autres projets innovants porté par Prépsy, illustrent ce propos, comme RECAP, qui est un dispositif de réalité virtuelle à destination de la remédiation cognitive et Sam’IA, un chatbot d’orientation. Ces initiatives reflètent notre volonté d’explorer de nouvelles pistes pour favoriser la réhabilitation psychosociale. Elles imposent néanmoins une vigilance accrue car la réalité virtuelle peut-elle modifier la perception du réel chez des personnes souffrant d’hallucinations, quels types de données un chatbot doit-il collecter et dans quelles limites, jusqu’où un chatbot peut-il collecter des données sans empiéter sur la vie privée, faut-il privilégier la performance prédictive au détriment de la confidentialité ?
Face à ces dilemmes, des garde-fous existent comme le respect que le RGPD impose aux technologies développées dans l’Union Européenne et qui précise clairement quelles données sont collectées, dans quel but, et demande de recueillir le consentement explicite des usagers. Ces données doivent être hébergées sur des serveurs certifiés HDS, afin de garantir leur sécurité et leur protection. Les usagers disposent en outre d’un droit d’accès, de rectification et d’effacement de leurs informations. Enfin, associer, dès la conception, les instances éthiques et les associations de patients reste essentiel pour assurer la transparence, la pertinence et l’acceptabilité de ces outils numériques au service de la santé mentale.
Éthique et innovation responsable en santé
Ces questionnements sont essentiels. Ils sont au cœur de toute démarche d’innovation en santé et l’éthique ne doit pas être perçue comme un frein, mais comme un repère indispensable, intégré dès la conception et le développement de nouvelles technologies de santé responsables.
A la fin de la Journée Éthique du numérique en santé les intervenants ont insisté sur l’importance d’associer patients, aidants, professionnels, chercheurs et industriels aux débats. Nous dirons, pour conclure, que l’expérience vécue des usagers est essentielle pour co-construire des outils réellement inclusifs, adaptés aux besoins et respectueux de chacun.

Ressources utiles :
- Cartographie Prépsy des ressources
- CMP / CATTP / SAMU (15) – Recours local en cas d’urgence ou d’évaluation rapide
- 3114 – Ligne nationale de prévention du suicide (24 h/24, gratuite)
- Santé Psy Jeunes – Orientation et écoute pour les 12–25 ans
- UNAFAM / Schizo ? Oui ! / PromesseS / France Dépression / Argos 2001